Fermeture d’une usine de sciage à La Tuque : le maire appelle à une réforme urgente du régime forestier

Luc Martel, maire de La Tuque - Courtoisie de la Ville de La Tuque

Ce sont au moins 280 familles latuquoises qui vivent des moments difficiles aujourd’hui en raison de l’annonce de la fermeture le 20 décembre prochain de l’usine de sciage Produits forestiers Mauricie.

Le maire de La Tuque, Luc Martel, est solidaire avec tous les travailleurs qui vont perdre leur emploi pour une période indéterminée, de même qu’avec les dirigeants des entreprises Produits forestiers Résolu et la Coopérative forestière du Haut-Saint-Maurice, qui n’ont eu d’autres choix que de prendre cette décision crève-coeur, en raison des conditions difficiles du marché du bois d’oeuvre, qui rend les usines québécoises moins compétitives que celles situées dans d’autres provinces au Canada. Ce jeudi 26 septembre 2024 est une journée sombre pour La Tuque. 

La raison principale de cette annonce étant le prix de la fibre au Québec qui est trop élevé pour assurer la rentabilité des usines, le maire de La Tuque veut que cette mauvaise nouvelle pousse le gouvernement du Québec à revoir ses façons de faire pour corriger la situation rapidement, afin d’assurer la pérennité des emplois forestiers dans les régions ressources à long terme. Selon lui, le gouvernement prend beaucoup trop de temps avant d’agir au détriment des régions du Québec qui vont payer le prix de cette inaction. Pour M. Martel, un gouvernement qui se dit un gouvernement de régions, devrait prendre les moyens de corriger la situation, afin que le Québec demeure compétitif sur le marché du bois d’oeuvre, car l’industrie forestière est un acteur majeur de l’économie de la province. 

Rappelons que Produits forestiers Résolu, qui est propriétaire majoritaire de l’usine, a annoncé hier en fin de journée aux travailleurs de Produits forestiers Mauricie, une scierie située à La Tuque dans le secteur de Rivière-aux-Rats, qu’ils seront mis à pied le 20 décembre prochain en raison des conditions de marché défavorable, soit les coûts élevés de la fibre de bois au Québec et l’augmentation récente de la taxe sur le bois d’oeuvre résineux exporté aux États-Unis. Produits forestiers Résolu va également mettre fin à la production de son usine de Maniwaki pour les mêmes raisons. 

Le maire de La Tuque, Luc Martel, qui est très impliqué dans la lutte pour sauvegarder les emplois de l’industrie forestière au Québec, s’inquiète depuis déjà plusieurs mois de certaines décisions prises par le gouvernement du Québec et de son inaction à réformer le régime forestier, ce qui nuit grandement à l’industrie forestière. M. Martel déplore que malgré toutes les représentations faites auprès du gouvernement du Québec à ce sujet, incluant les rencontres coordonnées par l’Union des municipalités du Québec et de la Fédération québécoise des municipalités via leurs comités forêt sur lesquels il siège, les élus à Québec continuent de faire la sourde oreille. Pourtant l’enjeu du coût de la fibre de bois au Québec est un sujet débattu depuis longtemps. 

« Nos entreprises forestières ne sont pas en mesure de planifier leurs opérations à long terme en raison du régime forestier actuel au Québec et tout cela fait en sorte que le coût de la fibre n’est pas compétitif. Tout le monde dit qu’il faut réviser le régime, mais le gouvernement s’entête à ne pas le faire. Ce qu’on craignait depuis longtemps arrive aujourd’hui. Ce sont nos travailleurs et nos familles qui vont payer le prix des décisions de nos gouvernements. Je serais plus optimiste si je sentais qu’ils nous écoutent, mais ce n’est pas le cas. C’est comme si l’industrie forestière n’a aucune valeur aux yeux de nos élus à Québec. Pour une communauté comme la nôtre, pour qui l’industrie forestière est le moteur économique principal, ce n’est vraiment pas une bonne nouvelle. J’espère que nos représentants à Québec vont se réveiller rapidement. » 

« Ce n’est pas normal que nos industriels forestiers nous disent qu’ils n’ont pas le choix parce que leurs usines de l’Ontario sont plus rentables que celles du Québec. Dans le contexte où ils ont des millions de dollars à verser aux Américains en raison des décisions du Département du Commerce des États-Unis, on est perdant au Québec sur toute la ligne. Même le gouvernement du Canada n’arrive pas à mettre fin aux taxes imposées à nos usines par les Américains qui viennent encore d’augmenter. On a tous les ingrédients en place pour générer une autre crise forestière. » 

« Malheureusement, au niveau municipal, on ne peut rien faire d’autres que d’exprimer notre opinion à ce sujet et de continuer à taper sur le clou toutes les fois qu’on a l’occasion de le faire, parce que les solutions à mettre en place dépendent de Québec et d’Ottawa, pas de La Tuque. Alors, j’espère que nos gouvernements vont comprendre le message et vont agir rapidement avant qu’il soit trop tard. Il faut que cette fermeture annoncée soit temporaire et non permanente. C’est tout ce qu’on souhaite . Il faut que le prix de la fibre de bois au Québec soit plus compétitif et ça presse », mentionne le maire de La Tuque, Luc Martel. 

La communauté latuquoise est reconnue pour sa générosité, sa résilience et sa capacité à prendre soin les uns des autres, alors les familles touchées par cette fermeture indéterminée recevront certainement beaucoup de réconfort au cours des prochaines semaines et des prochains mois. De leur côté, les dirigeants de La Tuque vont continuer de multiplier les rencontres pour se faire entendre sur tous les paliers des gouvernements pour que les communautés forestières comme La Tuque reçoivent le soutien dont elles ont besoin pour traverser cette nouvelle crise de l’industrie forestière qui est à nos portes. 

Vos dernières nouvelles en Mauricie: