La jalousie : le signe d’un profond déséquilibre

Courtoisie

Il paraîtrait que le premier aiglon voyant le jour peut pousser les autres œufs en dehors du nid.

La jalousie commence très jeune dans une fratrie, quand vos parents font une différence entre leurs enfants, préférant l’un d’entre eux ou se concentrant sur celui qui est malade ou délinquant, vous laissant vous débrouiller seul parce que vous semblez ne pas avoir besoin d’eux. Chaque position, de l’aîné au petit dernier, a ses avantages et ses inconvénients, ou encore si vous êtes fille ou garçon, quand les parents sont en déséquilibre affectif. Je vous rappelle que papa et maman sont souvent eux-mêmes des enfants (des sales gosses ?) essayant d’élever leur progéniture venue au monde par accident ou par programmation due à la société et rarement parce qu’ardemment désirée.

Puis, adulte, la jalousie vous poursuit et brise surtout les couples que vous essayez désespérément de former. Quel est ce mécanisme puissant qui vous pousse à devenir un véritable dictateur, malade de jalousie, terrifié de perdre votre bouteille d’oxygène que certains finissent même par tuer ?

La jalousie vous plonge dans une immense souffrance : votre partenaire de vie est sensé remplir un vide intérieur si profond que vous restez sur le qui-vive en permanence, terrifié qu’on vous prenne votre raison de vivre, voire votre respirateur artificiel. Sans l’autre, vous avez l’impression de « crever ». Par manque de reconnaissance, affection et protection dans l’enfance, vous avez appris à chercher ailleurs que chez vos parents ce qui pourrait soulager cette sensation de rejet et d’abandon. Vous avez faussement intégré que seule une autre personne peut combler le gouffre que vous portez en vous et vous vous accrochez à tout être humain vous donnant la sensation que vous existez. Du coup, il se peut que vous ne partagiez pas votre meilleur ami, que vous isoliez votre amoureux/amoureuse, que vous jalousiez vos collègues de travail parce que le patron semble les préférer à vous, que vous détestiez tous ceux qui ont ce que vous n’avez pas.

Votre enfant intérieur a été tellement blessé dans l’enfance qu’il ne supporte plus qu’on lui enlève quoi que ce soit et peut entrer dans de terribles colères, dès que ce qui devrait le soulager menace de lui être enlevé. Mais il ne l’est jamais, soulagé, puisqu’il a peur de perdre, en permanence, ce qui est sensé le combler. Si vous ne possédez aucun bien, il est fréquent que vous ne fermiez pas la porte de votre maison à clef, il n’y a rien à voler. Mais si vous possédez, du jour au lendemain, des richesses et des biens, le premier réflexe risque d’avoir peur d’être volé. Vous n’en dormirez plus et installerez un système d’alarme sophistiqué. Cependant, rien ne vous rassurera, car vous vous êtes mis dans la tête que tout ce que vous avez, on vous le prendra. Finalement, vous étiez bien plus heureux quand vous n’aviez rien et que votre porte n’avait pas de clef.

Enfant, impuissant, on vous a malmené, mais une fois adulte, ça ne se passera pas comme ça ! Votre manque de confiance et d’estime vous pousse à penser que personne ne s’intéressera à vous (peut-être que vos parents vous l’ont répété) et dès que vous prenez quelqu’un dans vos filets, vous surveillez votre proie comme le lait sur le feu parce qu’elle est à vous. Vous pensez que vous n’êtes pas aimable puisque vos parents ne vous ont pas aimés, donc, impossible de croire que votre partenaire vous aime. Alors, chaque seconde qui passe, vous avez l’impression que votre titre est remis en question et vous voilà en compétition contre la Terre entière. Soupçonnant n’importe qui de tourner autour de votre dealer de drogue pour vous l’enlever, imaginant qu’elle/il  va vous tromper, identifiant toutes sortes de signaux et de preuves qu’on veut vous « cocufier », vous devenez « cinglé » à l’idée de perdre celui ou celle qui vous permet de respirer.

Je me souviens d’un client persuadé que sa femme se levait la nuit pour le tromper (Avec qui ? Nulle ne savait !) et qui quitta son travail en furie parce qu’en parlant au téléphone avec son épouse travaillant depuis la maison, il avait entendu sa voix résonner comme si elle avait enlevé tous les meubles de la pièce et s’apprêtait à le quitter avec le mobilier. Quelle ne fut pas la surprise de cette dame, voyant débouler son mari enragé ! Je dus convoquer sa conjointe afin de m’assurer qu’elle lui était bien fidèle, car, parfois, l’autre est effectivement déloyal faisant croire qu’il est innocent. Votre intuition peut vous signaler que quelque chose ne tourne pas rond et soit vous refusez de l’écouter, soit vous investiguez. Mon mari me traitait de folle quand j’évoquais le fait que j’avais la forte intuition d’être trompée. Ça met à mal votre radar, car l’autre vous fait croire qu’il est faussé, alors que vous avez raison. Comme vous le comprenez, tout est question de confiance en soi : vous êtes convaincu que vous êtes aimable et donc qu’on peut vous aimer vous et personne d’autre. Vous êtes serein et vous faites confiance à votre partenaire qui vous fait confiance également. Dans le cas contraire, vous devenez fou, surveillant, observant, recherchant le moindre indice signalant l’adultère, même où il n’y en a pas. Et vous pouvez devenir violent, comme un enfant terrifié à qui on a pris un jouet auquel il tenait. Vous n’avez plus de sens commun, aucun accès à la réflexion, la panique vous prend et vous réagissez d’une façon incohérente.

La première personne à souffrir de la jalousie, c’est la personne elle-même, vivant mille morts à imaginer son partenaire en train de la/le tromper (le cerveau ne fait pas la différence entre ce que vous imaginez et ce que vous voyez). C’est comme de violents électrochocs que vous recevez dans tout votre corps, dès que vous soupçonnez la déloyauté de la personne que vous dites aimer. Ce n’est pas de l’amour, mais de la névrose : être jaloux n’a jamais démontré de nobles sentiments, mais plutôt un déséquilibre affectif conséquent. Et celui ou celle qui subit les mauvais traitements du jaloux ou de la jalouse ferait bien de prendre ses jambes à son cou plutôt qu’essayer de réconforter un enfant terrifié que rien ni personne, en dehors de lui-même, ne pourra rassurer ni combler.

Pascale Piquet, la spécialiste de la dépendance affective et du bonheur !

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