Les incitatifs à l’achat stimulent l’adoption des véhicules électriques, selon une étude de l’Université Laval

Crédit photo : andreas160578/Pixabay

Les politiques d’incitation pour l’achat de véhicules verts, électriques ou hybrides sont associées à une augmentation de leur adoption selon une étude de la Faculté des sciences de l’administration à l’Université Laval. L’ampleur et la durée de ces effets semblent plus importantes pour l’achat de véhicules électriques. 

« Les incitatifs à l’achat des véhicules zéro émission augmentent leur adoption de plus de 113 %, comparativement à 81 % pour les voitures hybrides », souligne le professeur Julien Lépine, l’un des auteurs de l’étude. 

Pour dégager ces tendances, l’équipe a étudié les données d’une trentaine de pays européens, de 2012 à 2021. « L’analyse faite dans l’article montre l’effet significatif du soutien financier à l’achat. Le coût d’achat semble donc critique pour les consommateurs », résume le professeur Lépine. 

La recherche a comparé les effets des politiques d’incitation à l’achat à ceux des avantages économiques liés à la possession d’un véhicule vert, tels que des rabais sur le stationnement, l’accès gratuit à des routes à péages ou un rabais sur l’immatriculation. Les mesures pour la possession du véhicule n’avaient aucun effet. « Si nous n’avons que ce type d’incitatifs, ce n’est pas suffisant pour augmenter l’adoption des voitures électriques », rapporte le chercheur. 

Les retombées des incitatifs à l’achat ont été observées sur une période d’au moins quatre ans. L’équipe a pu noter un effet boule de neige. « On remarque que les effets ne sont pas instantanés après l’entrée en vigueur des subventions. Le taux d’adoption atteint un sommet lors de la deuxième année et les effets se poursuivent dans les quatre ans suivant le déploiement », précise Julien Lépine. 

Et qu’arrive-t-il lors du retrait d’une subvention ? « Le taux d’adoption des véhicules électriques revient au niveau d’avant la subvention », indique le chercheur. 

Des conditions optimales à l’adoption 

Les effets des incitatifs n’étaient pas hétérogènes parmi les pays étudiés. La richesse du pays, le prix de l’essence et l’abondance d’énergies renouvelables influençaient le taux d’adoption des véhicules électriques. 

Pour les pays considérés comme moins riches, avec un produit intérieur brut de moins de 31 000 dollars américains par habitant, les subventions gouvernementales jouaient un rôle encore plus important que dans les pays riches. « Cela suggère que le prix des véhicules et la capacité de payer de la population sont critiques pour l’électrification des voitures, soutient Julien Lépine. Mais même si les gens ont un haut revenu, ils ont besoin de subventions pour adopter le véhicule électrique. » 

Pour les pays avec plusieurs sources d’énergies renouvelables, les subventions aidaient également à l’adoption. « Ce résultat suggère que les gens sont conscients que, quand on fait de l’électricité avec de l’énergie verte, utiliser un véhicule électrique fait en sorte qu’on émet très peu d’émissions de gaz à effet de serre », rapporte Julien Lépine. 

« Au Canada et au Québec, on a tous les facteurs qui feraient en sorte qu’une subvention pourrait aider à s’électrifier rapidement », soutient le professeur. 

Quant au prix de l’essence, aucun effet n’était observé. « Selon nos résultats, augmenter le prix de l’essence ne ferait pas nécessairement en sorte que les gens achèteraient plus de véhicules électriques », rapporte Julien Lépine. 

L’étude aborde les véhicules personnels, mais les mêmes observations pourraient s’appliquer aux véhicules lourds. 

L’étude a été publiée dans la revue Transportation Research Part A. Les signataires de l’étude sont la doctorante Edlaine Correia Sinézio Martins, la professeure Jacqueline Corbett et le professeur Julien Lépine. 

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